On ne peut pas se permettre d’être plus réacs que les réacs. Avec « l’affaire Vallaud-Belkacem » la frontière est mince. On s’indigne à titre républicain de l’opprobre jeté sur la jeune femme ministre d’origine marocaine en charge d’une des plus hautes fonctions de l’Etat français. L’éducation. Certes la révolte est digne – on ne néglige pas comme ça sans impunité et surtout quand cela vient de la droite la plus radicale, les allégations les plus racistes et sexistes à l’endroit de la plus jeune ministre française. Mais s’interroge-t-on sur les bons critères? Que fait cette jeune femme, décrite si pure et si bienveillante, aux plus hautes fonctions de ce gouvernement français libéral, droitiste, en déliquescence? Je me le demande… N’assiste-t-on pas en direct à une instrumentalisation des études sur les rapports de domination, axés sur la subalternisation de classe, de race, et de genre? Najat Vallaud-Belkacem représente-t-elle à elle seule ou en tant que ce qu’elle est les subalternes? Non. Alors arrêtons les amalgames et travaillons sur les nuances. Certes la ministre de l’Education est la cible comme Christiane Taubira des agressions les plus racistes, ségrégationnistes et sexistes de la France conservatrice, mais elle n’en est pas pour autant exclue de la parole. Ce qui fait toute la différence. Si la principale intéressée saisissait l’opportunité de sa position de pouvoir pour débattre le racisme, le sexisme, la lutte des classes, y compris dans ses rangs, alors on pourrait commencer à discuter. Mais tel n’est pas le cas et c’est ce qui est le plus affligeant. Je me sens meurtrie. J’ai beau me débattre au fond de mon trou, les murs de la domination, sous ses formes les plus autoritaires et tolérées, la hiérarchisation des relations sociales et les rapports d’obéissance, ne partent pas en éclats. Décidément, il va falloir que j’use d’autres stratégies que de me débattre… Aussi simplement. Taper dans le tas. Durement. Faire sauter les unes après les autres les évidences. Répéter. Toujours et encore. Et recommencer. Rebondir. Je ne m’en lasserai jamais.
Joelle Palmieri 25.9.14