Changements climatiques : les femmes, victimes et incontournables

A la veille de la 15e Commission pour le développement durable, organisée par l’Onu à New York du 30 avril au 11 mai 2008, toutes les attentions se portent sur la question des changements climatiques et de leurs conséquences néfastes sur le développement. Pourtant, les institutions internationales et leurs représentant-es semblent rester aveugles au genre.

 

Alors que la Convention-cadre de l’Onu sur le changement climatique reste un des rares traités qui ne fait pas mention de l’égalité des sexes, le rôle prépondérant des femmes dans cette crise n’est plus à démontrer. Le 10 mars dernier, la ministre de l’Environnement d’Islande, Mme Þórunn Sveinbjarnardóttir, confirmait, lors d’une rencontre de la FAO, que les effets des catastrophes naturelles sur « l’égalité de genre, l’autonomisation et le renforcement des capacités des femmes pourrait être profond ». En effet, partout dans le monde, les femmes, qui forment 70% des pauvres, se retrouvent particulièrement touchées, occupant de fait la position de gestionnaires des ressources, à l’échelle familiale ou communautaire.

Paradoxalement, il est avéré que les désastres naturels sont mieux gérés lorsque les femmes prennent les devants dans le système d’alerte rapide et dans la reconstruction. Durant la sécheresse en Micronésie, par exemple, les femmes, puisant dans leur expérience du travail de la terre, creusaient des puits contenant de l’eau potable fraîche. Au Kenya, les groupes de femmes membres du Greenbelt Movement (Mouvement de la Ceinture verte) plantent des milliers d’arbres, remplissant ainsi le sol, générant des revenus et absorbant le dioxyde de carbone.

 

 

Une mobilisation précipitée

Des organisations de femmes se mobilisent comme Women for Climate Justice qui lançait début avril 2008 un site web (www.gendercc.net), ayant pour ambition de représenter un apport-clé pour le Centre international de compétence sur le genre et le changement climatique.

Côté institutions, en décembre 2007 à Bali, les femmes leaders et ministres chargées de l’environnement ont interpellé l’Onu pour qu’elle donne une place prépondérante aux contributions apportées par les femmes. « Il y a omission des voix des femmes dans les discussions sur le changement climatique », déclarait Wangari Maathai, lauréate du Prix Nobel de la paix de 2004.

Ensuite, du 25 février au 7 mars 2008, lors de la 52e session de la Commission sur le statut des femmes qui se tenait à New York à l’Onu, un accent particulier était porté sur l’apport d’une perspective de genre en la matière.

Enfin, le Secrétariat interagence de la Stratégie internationale de l’Onu pour la prévention des catastrophes, en collaboration avec l’Union mondiale pour la nature et l’organisation Women’s Environment and Development Organization (WEDO), lançaient début mars 2008 un appel à contributions sur les bonnes pratiques et leçons apprises en matière de réduction des risques de catastrophes. Les deux organisations cherchent des exemples de projets et d’initiatives dans les secteurs humanitaires, environnementaux et de développement, qui intègrent une perspective de genre et qui témoignent de changements positifs dans la mobilisation des femmes et des hommes pour augmenter la résilience des collectivités face au changement climatique.

 

Autant victimes que sources d’innovations, les femmes restent indubitablement le pilier des solutions à mettre en œuvre. La mobilisation est au rendez-vous. L’essai reste à transformer.

 

23 avril 2008

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