Ils ont tué Clément. Ils ont fermé la télé publique grecque. Ils ont réprimé les manifestations de colère des jeunes turcs. Ils ont surveillé nos échanges mail et autres échanges numériques. Ils manifestent leur haine de l’autre. Avec violence. Sans vergogne. C’est leur ligne de conduite. Leur slogan. La terreur. La menace permanente. Ils se sentent légitimes. Ils sont devenus légitimes. Nous les avons rendus légitimes. En achetant les mêmes polos de bourgeois ? Non. En nous rendant à des ventes privées de grande marque de fringue ? Un peu plus. En dédaignant la télé parce que c’est de la merde ? C’est sûr. En méprisant toujours et encore ces jeunes, qui sont toujours plus jeunes que nous ? C’est certain. En faisant fi d’une colonialité en marche, c’est-à-dire un ensemble de systèmes de dominations produites par l’expansion du capitalisme à l’ère numérique ? C’est définitivement frappant. Alors où sont vraiment les bêtes ?
Certes, eux, les faschos sont capables de rétorquer que ce « ragout [la société capitaliste] est tout simplement dégueulasse » ou encore, comme dirait ma mère, que les homosexuels sont vraiment gentils mais vraiment que ce qui n’est pas normal est qu’ils aient des enfants, idée trop éloignée de la morale judéo-chrétienne. Ou encore qu’on est « envahis par les gays ! », que « ça va saigner » et qu’« on va leur taper sur la gueule » aux antifas, aux arabes, aux pédés, aux gauchistes… Si ça c’est pas du ragout, je jette mon tablier !
Mais depuis une semaine j’essaie d’éplucher les images qu’on me donne à voir sur ces antifas, ces arabes (les turcs en l’occurrence), ces pédés, ces gauchistes… et ce qui me frappe c’est que je ne vois que des mecs. Est-ce la presse (télé, écrite, internet) décidément « trop » néolibérale qui m’injecte du pré-pensé sexiste, ce qui en ajoute au fascisme ambiant ? Sans doute, mais pas seulement. La domination est aussi du côté des bien-pensants, du « voir juste », des antiracistes, des anti-impérialistes, des antilibéraux… Rien de neuf à l’horizon donc. Le steak haché de cheval du militant serait-il toujours cuit par une militante ? Dans ma naïveté je continue à scruter ces images pour y débusquer un visage féminin, une parole féministe. Je croise six seins nus, la « paire de couilles » d’Elise Lucet, les journalistes grévistes des Echos… c’est tout. Alors je me dis, je vous dis, où sont les bêtes ?
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