Maudite soit la guerre !

Le 4 novembre 2023, la radio charentaise Zaï Zaï consacrait une journée aux actions contre les guerres dans la région, dont la commémoration du centenaire du monument aux morts antimilitariste de Gentioux. Lea Grange et Amandine Zelle m’avaient invitée aux côtés de Claudy Vouhé pour discuter en direct des luttes spécifiques des femmes contre les conflits armés. L’ambiance et le contenu de ce moment très animé et documenté ont fait écho à la permanence et à la banalisation d’un système militarisé en œuvre pendant les conflits et rémanent pendant les périodes de paix. Basé sur l’autorité, les violences, la force et les inégalités, ce système nuit fortement aux femmes dans tous les domaines : santé, éducation, travail, transport, etc. Ce court échange aura permis de rappeler les travaux incontournables d’Andrée Michel dans le domaine.

Écouter le podcast :

https://podcloud.fr/podcast/mauditesoitlaguerre/episode/luttes-des-femmes-pour-la-paix

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Joelle Palmieri
16 novembre 2023


Quelques mots sur mon intervention

Les conflits armés, les guerres, sont toujours liés à l’armée, au fait militaire. En tant que féministe et digne héritière d’Andrée Michel je préfère me situer antimilitariste plutôt que pacifiste. Le militarisme est en effet une idéologie qui développe une rhétorique spécifique. L’autorité, la hiérarchie, l’ordre, la discipline, le droit et devoir de tuer, le droit de vie et de mort sur l’autre, la répression, dont la torture, l’incarcération, la privation des droits, autant d’outils importables d’un conflit à l’autre ou en temps de paix pour les forces de l’ordre, y occupent une place de choix. Les conflits armés laissent des traces et leurs outils sont utilisés par d’autres idéologies comme le nationalisme, la xénophobie, le racisme, le sexisme.

De fait, la militarisation hérite du patriarcat, littéralement l’autorité du père. Avec la militarisation, l’autorité est transférée tout à la fois à l’état-major, à l’État, représenté par un président ou un Premier ministre, aux entreprises d’armement. Le complexe militaro-industriel, CMI, qui la porte, est un système complexe entre les mains d’hommes riches hétérosexuels plutôt blancs qui normalise les intérêts convergents des pouvoirs politiques, des militaires et des industriels de l’armement.

Le CMI est très néfaste pour les femmes en raison des inégalités budgétaires (la ligne allouée à la sécurité du territoire est en France 60 fois plus élevée que celle de la santé et 600 fois plus que celle de l’égalité femmes/hommes), de son étendue dans de multiples secteurs dont le travail (division sexuelle), l’éducation, la culture etc. et en raison de la culture des violences, de la socialisation par la violence, de la dialectique de violence qu’il infuse. Support du virilisme, le CMI organise la victimisation des femmes, jamais ou presque présentées comme résistantes, alors que les hommes sont loués en tant que héros ou martyrs. 

Le conflit armé est contraire à la négociation, la concertation, l’horizontalité, et donc l’égalité.  Pour le combattre, il serait opportun que les questions de sécurité soient mises entre les mains des citoyen·nes plutôt que de continuer à les déléguer au seul pouvoir politique. Des exemples nombreux existent comme le bateau des femmes arabes pour la paix en Irak  lors du blocus occidental en 1990, ou La Ruta pacifica en Colombie depuis 1996, ou encore les Femmes en noir un peu partout dont Belgrade pendant la guerre dite de Yougoslavie de 1991 à 2001, Jérusalem juste après la première intifada en 1988.

NB: Ma langue a fourché quand j’ai parlé de la dictature en Argentine. Elle n’était pas dirigée par Pinochet qui lui s’occupait de celle du Chili.

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