L’ENFERMEMENT

[…] J’ai chaud. Résister, c’est exister. Je suis arrivée dans cette cellule un jour d’été après quelques jours de cavale. Etoupée. Tout est informe. Je vis l’enfermement. Ma journée connaît deux temps forts. Jusqu’à la prochaine fois. Aujourd’hui, Ulrike, Roger, Florence et Ibrahim m’ont fait l’immense bonheur de me rendre visite. Je n’ai rien d’autre à faire. Un œil me surveille en permanence. J’ai envie de mourir. J’ai décidé de démarrer une grève de la faim. Je pleure. Pas de jugement. Je fumerais bien une cigarette. Une femme s’assoit à côté de mon lit. Mais, qui êtes-vous ? Le transfert a donc eu lieu. Ajuster. Transformer une planche de papier imprimé en boîte. De la désobéissance civile, je suis passée à l’exploitation consentie et appréciée. Une balle en caoutchouc de dix centimètres carrés sous le coccyx, une autre en mousse, de la même taille, sous l’occiput. Qu’est-ce que je vais devenir ? En cercle, assises autour d’une immense table. Je retourne m’asseoir à ma place sans broncher. Il y a quelques semaines, un mec m’a convoquée. Recouvrir la liberté, la seule possible: celle de choisir la forme de mon enfermement. Dans une pièce toute blanche, à l’exception de deux murs garnis de livres et de deux fenêtres très larges, ouvrant sur la verdure et autorisant une lumière immaculée, un homme en blouse blanche est assis derrière un bureau. A dire vrai, il irait bien prendre l’air. […]

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